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La grande masturbatrice au festival d’Avignon

Wednesday, July 14th, 2010

… car j’ai décidé de quitter la Ville pour aller voir Maggie, cuire un peu ailleurs et voir ce que ça faisait, me voilà à l’autre bout de la fRance, dans le coin de l’accent que j’aime pas, celui qui s’écoute chaNter, où il fait encore plus chaud qu’à Paris et où les cfigales me gratifient d’un acouphène totalement inédit. le sud.

j’ai donc pris le tégévé dans l’attente d’apprendre à faire du stop sous le prétexte partiellement vrai de venir voir comment c’était, en vrai, le festival de théâtre d’Avignon. me voilà donc à Avignon où comme prévu je cuis. je dis à Avignon parce que j’ai essayé de me corriger et de dire en Avignon comme le font les gens qui ont l’air éduqué. en fait il ne faut pas. le site officiel de la ville dit que c’est pédant et erroné. au nom du droit à l’autodétermination et surtout parce qu’au delà de ce bel idéal, je n’arrivais pas à m’y faire à cet en Avignon, je dis désormais à Avignon. sauf que je ne suis pas une sale plouc mais une puriste parmi les puristes, mind you.

eh bien j’ai vu, de mes yeux vu, une pièce dans la cour d’honneur du palais des papes. le lieu est grandiose, il faisait un peu frais, un léger courant d’air empêchait la stagnation de l’air propice aux ambiances de vestiaire. l’on pouvait donc puer sereinement voire même dans une certaine allégresse. bien qu’assise presqu’au dernier rang, je jouissais d’une vue fort prometteuse sur la scène, immense. le site du festival est ainsi fait qu’il ne précise qu’en un endroit qu’il faut acheter les places au tarif étudiant avant le 30 juin, j’avais donc payé plein tarif pour poser mon estudiantin postérieur devant Papperlappap. j’oubliais presque cette déconvenue, entièrement absorbée par une joie de me sentir ainsi ancrée dans un présent longtemps fantasmé, joie mêlée d’impatience alors que résonnaient les fameuses trompettes.

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j’ai vu un spectacle à mi-chemin entre la vulgarité et l’indigence.

je n’ai rien compris.

sur 2h30, je pense qu’on peut compter une vingtaine de minutes de dialogues intelligibles - à condition toutefois de parler au minimum l’anglais, l’idéal étant de maîtriser le suisse alémanique. passe encore. je veux bien abandonner le sens à l’occasion, à condition de pouvoir me vautrer dans le sensible. le problème, c’est que je n’ai rien ressenti au-delà d’un sentiment d’ennui et d’une certaine gène auditive. et une grande empathie pour l’acteur qui a probablement rêvé d’Avignon pour finir dans un coin lointain de cette immense scène, pendant un quart d’heure, à faire tourner un sachet de thé comme un pendule.

aucun moyen de savoir si les interprètes étaient bon/ne-s. il y a eu des marmonnements, des chants, une dénonciation des vilains mensonges de l’église, des actes sexuels mimés dans un lieu saint. blasphème. ça devait être terriblement novateur il y a 50 ans mais faudrait voir à passer à autre chose.

j’ai un peu ri, je me suis beaucoup ennuyé. il y a eu un long moment où 2 acteurs ne suffisaient pas à meubler le plateau, assis sur leurs chaises les mains sur les genoux. pendant 10 minutes. la salle a fini par applaudir les personnes qui partaient. moi je suis restée, je voulais comprendre.

j’ai pris conscience de ma condition de mortelle, du temps qui passe et qui ne reviendra jamais, de ces 2 heures perdues là au lieu de les gaspiller joyeusement ailleurs.

à la fin, entre les huées, quelques applaudissements, j’ai entendu ma voisine de derrière fondre en larme, submergée par l’émotion, et demander à sa copine “mais enfin t’as vu comme ils sont méchants de les siffler comme ça ? hein comment tu veux que j’aime les humains après ça ?”