Archive for February, 2009

chaussette malade

Wednesday, February 25th, 2009

ami/e-s,

j’ai chopé la mort et me fais honteusement entretenir par l’amoureuse (qui me nourrit et fait ma distraction sociale du jour).

en attendant des nouvelles du boulot, revoilà mon joli post par Grégoire retrouvé.

Je suis une employée historique

et hystérique a dit Delphine from Paris.

oui parce que vous voyez ce 28 janvier dernier, je me suis dit qu’après tout puisque j’avais le statut de salariée, que j’avais droit comme tout le monde à la pause café et au gmail au bureau, j’avais aussi le droit de faire grève. entre une traduction de commu-niqué de presse et deux copier-coller, j’ai été chercher les conditions de grève pour une salariée du privé donc.

au passage : en arriver à bac +5 pour apprendre à faire du copier-coller, je vous dis pas à quel point l’image déjà piétrie du Travail que j’avais ne vaut vraiment plus rien. je maintiens donc ce que j’ai dit sur une chaussette antérieure : le Travail est une légende dont on nous parle depuis le berceau pour nous faire peur, pour qu’on se tienne bien et qu’on travaille bien à l’école pour avoir un travail supérieur vu qu’on est supérieur vu que ce sont nos supérieurs parents qui nous ont engendré/e-s. et comme les parents tolèrent globalement mal l’idée d’avoir pondu des morveuseux tout au mieux moyen/e-s, ils veulent qu’ils fassent parties des CSP+ comme on dit. de là à penser qu’on mérite les choses qu’on achète avec tout cet argent qu’on mérite bien, il n’y a qu’un pas que presque tout le monde se réjouit de franchir, en chaussures chères. sauf que moi après le bac, j’avais commencé des études qui ne devaient pour ainsi dire mener à rien d’autre qu’à lire des livres en anglais et à parler linguistique, c’est suite à un hasard incroyable que j’ai fini par faire des choses utiles et monnayables que je ne compte par ailleurs pas trop pratiquer pour ne pas gagner trop d’argent. j’espère que mes chaussures à 19€ en solde et pas tout à fait à ma taille m’emmèneront plus loin que le XVI arrondissement.

et donc je consultais les sites de divers syndicats, sirotant un café fort cher gratuit grâce à la start up qui a la gentillesse de m’embaucher et de me payer grassement, café au miel bio offert par le supermarché du coin, j’ai appris qu’en tant que salariée du privé je devais même pas de préavis. mon chef il est sympa alors pour qu’il organise sa journée, je lui ai dit que je comptais pas vraiment venir vu que je pensais aller manifester.

mon chef il est vraiment sympa et plutôt genre de gauche pas extrème mais quand même. il m’a dit ah tu fais grève avec un air un peu paniqué. c’est pas son genre la panique. comme tou/te-s les irlandais/e-s, c’est un/e anglais/e qui s’ignore. j’aime bien les écritures non genrées parce que mine de rien on peut aussi lire comme tous les irlandais, c’est une anglaise qui s’ignore. bref. d’où le flegme.. moi ça m’a fait peur je l’avais jamais vu comme ça James et du coup j’ai eu peur aussi. la peur c’est contagieux voyez, à l’échelle d’un pays on finit par voter zarkozy. j’ai demandé, la voix chevrotante “mais c’est tabou ici ?”. en fait, James m’a dit que personne n’avait jamais fait grève dans ma start up vieille de 8 ans.

voyez, je fais des choses historiques moi dans la vie.

et le lendemain de la grève, James m’a espliqué comment un gentil képi lui avait collé 90€ d’amendes parce qu’à vélo il avait malencontreusement démarré alors que le sémaphore était au rouge. “Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de quatre points du permis de conduire” dit la loi. moi j’ai dit à James “j’dis ça j’dis rien mais ma journée de grève m’a coûté moins cher que ta journée de travail”.