(dés)ir(e)s et (des)ordres, rangers et bas résilles, féminisme en (dé)construction [version finale]
Sunday, September 20th, 2009voyez j’avais plein de titres brillantissimes et j’ai pas bien su lequel choisir.
Je trouve enfin un peu de temps libre pour vous raconter un ouikende particulier. Entre temps, j’ai repris le travail ou plutôt le travail m’a reprise, l’amoureuse et moi avons été faire une rando à vélo de 50 kilomètres dont j’ai ramené un teint halé digne d’un cadre sous UV. Ma-gni-chic, contrairement à l’effet écrevisse tirant sur le homard que la soleil a eu sur les épaules de Sterenn qui a maintenant comme un débardeur en négatif permanent. De retour à ma vie normale donc, triste vie pleine de lendemains qui déchantent où notre ministre du racisme, vraiment hyper branché Lacan apparemment, confond dans un lapsus presque aussi éclatant que celui d’une des écervelées du loft de tf1 qui confond fille de joie et fille joyeuse, bougnat et bougnoul. C’est légitime finalement, ces gens-là c’est consanguin et compagnie.
Reprenons donc :
je reviens d’un ouikende dans un lieu situé à 3heures de train et une de marche de Paris. vous voilà bien avancé/e-s. un espace auto-géré, un squatt, où j’ai passé un ouikende féminisme et déconstruction. le but était de réféchir en non-mixité “femmes gouines trans.” aux questions que soulèvent le corps et la différence. formulé ainsi, cette histoire de non mixité, ça fait jargonnant, et d’ailleurs ça a été l’objet de discussions. en somme, ça veut juste dire qu’il n’y avait pas d’hommes nés hommes et qui comptent le rester. Mais sinon tout le monde était la bienvenue.
ça m’a pas mal interrogée cette non-mixité. j’ai eu des débats avec plusieurs personnes à ce propos avant le festival, toutes sortes de réactions, plutôt opposées mais pas fermement, plutôt fluctuantes finalement. et ne sachant pas qu’en penser, je répondais systématiquement que j’attendais de voir avant de me faire un avis. j’y suis allée, j’ai vu et j’ai pu me faire un avis (et en prime me ramener un nouveau pipi debout pour remplacer l’autre, avec qui j’étais un peu fâchée depuis notre dernier voyage en train ensemble et plus particulièrement depuis les turbulences peu après Neve*rs).
comme dit à Princesse Gaëlle, un homme peut être pro-féministe de même que je peux être anti-raciste. je peux avoir des ami/e-s noir/e-s, je peux compatir et haïr, je peux dire que quand même les blagues répétées sur la compagnie créole c’est pas fin, je peux faire toutes sortes de choses mais je ne comprendrai pas. Je peux expliquer les regards des douaniers croates qui inspectent mon passeport, tiquent à la vue de mon nom de famille, résolument musulman, je peux vous en parler mais vous ne connaitrez pas pour autant. De même, je sais qu’un homme ne peut pas saisir la totalité du sexisme de nos sociétés. partant de là et si on veut avancer un peu sur un vécu commun plutôt que témoigner, la non-mixité est intéressante.
cependant je partage une objection : les femmes devenues hommes, les trans masculins disons, parce que bon je vais pas me lancer dans un cours de terminologie curieuse, étaient acceptés. ce qui me semble problématique ici, c’est de déconstruire le genre pour en arriver à la conclusion que les trans ne seront jamais vraiment tout à fait du côté qu’ils ont choisi. alors il a été suggéré de parler de ouikende interdit aux hommes bio (= nés hommes) ou d’événement féministe. Des avis ?
ça faisait longtemps, depuis Montréal, que je n’avais pas ravagé mon cerveau, retourné les préjugés pour y planter des idées nouvelles et saines si vous permettez la métaphore champêtro-mystique dont je n’abuserai pas. Alors il y a encore des efforts à faire, parce que les mauvaises habitudes et le cynisme abusif dont je fais à l’occasion preuve ne se délogent pas si facilement. Mais enfin j’ai bon espoir.
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ça n’a pas été qu’un ouikende intello, parce que les féministes sont super rigolotes. Dialogue d’initiées :
- Elle est pas super auto*nome.
- C’est vrai, par contre je suis vraiment ultra g*auche.
- Ouais, t’as toujours été maladroite.
Et puis il y a eu une partie de tu préfères d’anthologie. Je suis assez douée à ce jeu, tout à fait adapté aux qualités que j’ai le plus développées : vice et analyse psychologique. Et donc, vers 5 heures du matin, quand la soleil commençait à poindre, nous étions 3 égarées à nous serrer dans un vieux canapé en plein air, à nous lancer dans de vastes joutes verbales avec la conviction du politique qui sait qu’il aura du mal à rembourser son crédit s’il n’est pas réélu, une conviction puissante mâtinée de la douce ironie de celui qui sait que ce n’est pas pour de vrai, tout ça pour déterminer s’il était préférable de :
- Passer le reste de sa vie sur le petit bout de pelouse qu’il y a aux embranchements des autoroutes ou ne s’exprimer avec des paroles de Cé*line Dion, à vie.
- Perdre le goût et l’odorat ou oublier sa langue maternelle. Celui-là est très angoissant parce que les deux peuvent arriver. C’était mon œuvre et j’en suis pas peu fière.
- Etre en photo sur toutes les canettes et les bouteilles de co*ca ou avoir une sorte de TOC inguérissable consistant à hurler un slogan de grande marque toutes les 3 minutes.
- Avoir un pénis sur le front ou recracher des pelottes de déjection après chaque repas.
Et puis last but not least comme disent les journalistes qui ont fait hypokhâgne :
- Passer un ouikende d’amour torride avec Mar*ine L*eP*en ou passer un ouikende d’amour torride avec le couple présidentiel. Peau de bêtes et feu de cheminée, on ne refile pas de mst mais on peut en récupérer une au passage.