Mémoires d’une jeune fille dérangée

ami/e-s, admirateurices,

de retour à Paris après 2 belles semaines d’errements, je peux vous le dire, c’est pas la fête. le retour en France après la Bosnie me donne toujours un arrière goût d’absurde et d’amer, d’absurde amertume, et je n’avais jamais fait le retour à la rédaction technique. je passe ainsi beaucoup de temps ces jours à me remémorer mes jeunes années estudiantines à lyon. que d’heures de phonétique passées vautrée dans mon hamac à regarder le journal de la santé… depuis que ma vie s’active, je ne vois plus les pubs conventions obsèques, baignoires à porte et champignons des pieds. à l’époque, j’avais le temps de voyager mais jamais les moyens. maintenant que j’en ai les moyens, je n’en ai plus le temps. triste ironie de l’étudiante qui grandit, quittant ses loisirs pour avoir les moyens d’en avoir.

cependant, le retour au pays m’a réservé une grande et belle surprise : j’ai vu des extraits d’un film où il semblerait que Charlotte Gainsbourg ne jouerait pas Charlotte Gainsbourg. ça me redonne espoir. partant de là, qui sait, peut-être qu’on verra un jour Romain Duris jouer autre chose que Romain Duris. voyez il faut pas toujours être pessimiste.

passons.

le 9 mai, je suis donc partie en train pour 2 semaines de bonheur et j’ai découvert moult choses.

j’ai découvert que l’Orient Express existait.

j’ai découvert la chapelle de la gare de Zagreb. j’ai malheureusement perdu la photo lors d’une fausse manipulation.

j’ai découvert le Hongrois, cette langue aux origines inconnues. j’ai passé 4h à la gare de Budapest, posée sur un banc à finir un très bon bouquin. globalement, les langues, c’est un truc que mon cerveau gère assez bien. la géométrie dans l’espace, j’ai jamais pu. le point X dans le plan Q, je visualisais pas. sans parler de la trigonométrie. les langues ça va bien. pourtant,  j’ai dû élaborer une théorie linguistique très sérieuse: le Hongrois est une blague, c’est pas possible autrement. entendons-nous bien : dans une gare, le discours est assez répétitif et contient des mots clés répétés (retard, train, départ, arrivée, direction de). en 4 longues heures, je n’ai rien distingué de cette bouillie plate. le hongrois m’a fait l’impression d’un plat de riz blanc trop cuit sans sauce soja sans sel sans rien.

au retour, j’ai découvert l’Autriche. c’est horrible comme pays l’Autriche. pourtant ils ont fait des efforts pour me séduire. le ministère de la couleur locale autrichienne avait envoyé un grand contrôleur blond à moustache qui yoddlait en contrôlant, autrichiennement heureux qu’il était de vérifier que tout le monde était en règle et dans son bon droit. je comprends qu’on finisse par violer des enfants dans une cave pour s’occuper. j’ai traversé l’Autriche de bout en bout et la vision de ces maisons autrichiennes dans un cadre si autrichien a vite épuisé ma patience. à chaque vallée, je m’attendais à voir débouler Heidi et ses belles couettes, très assortie aux maisons assorties et autrichiennes.

mais je n’étais pas au bout de mes réflexions et découvertes parce qu’au retour, j’ai découvert le Suisse allemand.  c’est moche, ça gratte la gorge. le suisse allemand est pour moi la preuve ultime de la non existence de Dieu.

sur ce, je m’en vais dormir.

comme quoi, les ami/e-s de moukmouk sont moins obtus/e-s que lui.