Archive for May, 2009

fromage, bébés et alcoolisme

Saturday, May 2nd, 2009

ceci est le poste 69. spéciale kassdédi Aline.

moi je fais à peu près ce que je dis et je dis presque ce que je fais. et donc, je l’avais annoncé, j’ai fait la semaine passée un pèlerinage en terre fromagère. c’était vert, volcanique et plein de souvenirs.

j’avais pris mon vendredi après-midi et j’ai eu le temps de faire plein de choses.

j’y ai redécouvert mes parents et l’horizon. parce qu’à Paris on ne voit jamais l’horizon, on ne voit que de beaux immeubles. je préférais Montréal, c’était crasseux, grouillant et vivant. il n’y a pas à Montréal ce figement éternel de la ville musée qui se regarde le nombril. la posture onaniste et régressive de la ville avec une Histoire qui veut vous la montrer et tant pis si elle est invivable au présent, les touristes adorent.

passons.

par exemple avec une amie on a été acheter deux packs de bière et on a croisé une fille qui était avec moi en seconde et qui était enceinte de son deuxième bébé. je vous cache pas que ça file un sacré coup de vieux ce genre de fantômes. ça arrive tout le temps quand on rentre chez ses parents, alors qu’on est en position de faiblesse (on a été acheter le pain en pantoufle en se disant qu’on n’allait croiser personne, on achète beaucoup trop de bière au supermarché …). c’est parce que les gens normaux de Cour*non, ils y restent, se marient entre eux et se reproduisent, s’épanouissant dans un croupissemnt con-sanguin tout en s’entre-félicitant de n’avoir jamais été plus loin que la faculté la plus proche, et encore seulement quand c’était vraiment nécessaire, la faculté ne servant qu’à former les futur/e-s instituteurices qui éduqueront à leur tour des générations d’enfants sans curiosité intellectuelle. horreur de la morne vie de cité dortoir. je crois que je ne remercierai jamais assez mon homosexualité.

mais ça, c’était prévisible.

il m’est arrivé quelque chose de pire et d’imprévisible.

j’ai passé une soirée à faire du coloriage avec une petite fille, et je me suis amusée. je me suis amusée avec Emma, la fille de la copine de mon frère qui est une sorte de nièce en fait, sauf qu’elle est arrivée dans ma vie déjà toute faite et à l’âge de 2 ans. Je n’ai donc pas pu bénéficier de la période de gestation pour me préparer et j’ai attaqué le terrible métier de tata directement à la période où on lit des histoires et où la petite chose qui gigote nous pose des questions qu’on ne comprend que très rarement. alors quand elle me pose une question je lui explique quelque chose en espérant que ça répond un peu à ses doutes métaphysiques. elle a l’air satisfaite mais il est possible qu’elle se dise que c’est tout ce qu’on peut tirer de moi parce que vraiment je comprends rien. j’aime bien Emma, elle me permet de tester la validité des cours d’acquisition du langage. je lui apprends des mots, on rigole bien.

bon alors Emma et moi c’est le grand amour voyez. pour tout vous dire je suis la seule grande qui peut passer une bonne partie de la soirée avec elle à faire du coloriage. je m’explique : j’avais le choix entre rester dans la pièce avec les adultes et donc finir par m’engueuler avec mes parents et rester avec la petite blonde souriante. c’est comme ça que je me suis retrouvée dans sa jolie chambre rose et violette à tenter de discuter avec la petite Emma. ça me perturbe les jeunes enfants, ça parle pas très bien du dernier Lanzmann et des fois ça pète. rapidement, j’ai compris qu’elle voulait surtout que je lui fasse son coloriage, ce que je comprends aisément vu que je déborde presque pas moi.

sur ce, je m’en vais bouquiner. demain j’ai des devoirs à faire et je dois ranger mon palais. je pars jeudi après-midi pour Sarajevo, en train. prévoyante, j’ai commandé un pipi debout parce que je vais passer 25heures dans divers trains dont 2/3 en pays peu civilisés. je maîtrise, je vous dis pas.