Mémoires d’une jeune fille dérangée

mes chèr/e-s,

alors que le gentil professeur s’évertue à nous faire comprendre le fonctionnement de Cap*tivate, alors que mon voisin de gauche relit le cours des gest. proj. (ges(ta)tion de projet) pour l’interro de cette après-midi (j’ai hâte de voir comment on va nous faire gérer des inférieur/e-s de papier je vous dis que ça), alors que mon voisin de gauche lit des articles de fond sur l’injustice et l’impunité qui sévissent actuellement en France (a-t-on oui ou non truqué les résultats de la nouvelle star ?), alors que mon café du matin arrive au bout de son effet et que mon attention flottante coule à pic, alors que même les maçons en contrebas sont en pause (vous avez remarqué comme ça occupe de regarder les autres travailler ? c’est ça le secret gestion de projet), je vous écris pour enfin vous raconter la grande affaire de la moustiquaire.

Pour les nouvelles et veaux, à droite, cliquez sur l’avant-avant dernier post qui tient lieu d’introduction à suspens au présent texte.

Justine, qui avait pour rôle de mener la discussion, a pris son rôle très à coeur et nous a relu les consignes :

Bon alors on a 20 minutes, le yacht est en train de couler, il faut qu’on choisisse 5 objets parmi un sextant, un miroir de toilette, un bidon de 25 litres d’eau, une moustiquaire, une caisse de rations alimentaires militaires, des cartes d’Océan Pacifique, deux bidons de 10 litres d’essence, un poste de radio uniquement récepteur, de la poudre ANTI-REQUIN, 15m² de toile plastique, un demi-litre de rhum à 42°, 2 boîtes de tablettes de chocolat, du matériel de pêche, 10 m de corde nylon. Je propose un petit tour de table.

Chacun/e y va alors de sa théorie de la survie.

J’annonce : souvenez-vous, la dernière fois quand on s’est écrasé/e-s dans le désert (lien), il fallait prendre le miroir pour attirer les secours, je suggère de prendre le miroir, l’eau, les rations alimentaires, la toile plastique pour qu’on s’abrite du soleil et la moustiquaire parce que s’il y a de la rosée ou de l’évaporation on pourra toujours récolter de l’eau potable.

“Alors il nous reste un objet à prendre, je propose la poudre anti-requin sinon on va se faire attaquer par des requins”.

J’ai vu Sharks et malgré ma grande angoisse des mégalodons des abysses (lien),  j’ai tenté d’expliquer avec autant de diplomatie que possible qu’un requin attaquait assez rarement un bateau gonflable.

- Mais imagine si on laisse traîner la main dans l’eau et il arrive il nous la bouffe.

- Bon écoute si ya quelqu’un/e à bord de ce bateau assez stupide pour se couper la main jusqu’au sang avant de la plonger dans l’eau, je crois qu’il vaut mieux qu’un requin l’achève. question de darwinisme, les con/ne-s ne méritent pas de survivre.

- Et puis ta poudre anti-requin ça fait surtout poudre de perlimpimpin, ça a pas l’air hyper scientifique, on va perdre un objet, quitte à prendre un truc pas hyper utile on peut tabler sur le chocolat.

D*jibril suggère alors de prendre le matériel de pêche, la moustiquaire et la corde de nylon pour pêcher le requin. voilà l’attitude du chasseur. l’autre fois dans le désert, Ste*ve voulait absolument tuer des serpents avec le pistolet pour nourrir son troupeau de femelle. prenez un crêtin de citadin et lâchez-le dans la nature d’un jeu de rôle, ses instincts de conducteur de 4X4 urbain ressortent et son principal soucis est de montrer comme il en a une grosse.

J’explique alors à Djib*ril que bon franchement, ça m’étonnerait que les requins se fassent attraper à l’asticot desséché.

il rebondit alors et affirme qu’il faut prendre le sextant et la carte. je lui demande donc s’il sait se servir du sextant vu qu’on ne sait pas bien s’il y a un mode d’emploi avec. non mais il va apprendre. nous y revoilà. figurez-vous tout de même que dans sa réalité on se serait retrouvé/e-s au milieu du Pacifique avec une belle collection d’objets inutiles. sauf que là on devait arriver au consensus. du coup il s’est mis à bouder et il a plus jamais redonné son avis du jeu. ben tant mieux.

c’est après 25 minutes de débats acharnés, Florian, Delphine et moi ayant décidé de pourir le jeu en jouant au con/ne-s que la révélation est venue.

Ma*rie a eu le concours d’entrée du masteur un peu par hasard, elle ne parle pas anglais. elle n’a pas été passer l’été en terre anglophone pour améliorer ça. elle n’a pas acheté de méthode d’anglais. elle a un chéri qui occupe un beau pourcentage de ses phrases. elle ne comprend pas toujours nos blagues et quand elle les comprend elle dit “oh quand même” en pouffant. elle est gentille.

…

Ma*rie affirme qu’on n’a qu’à prendre une moustiquaire pour filtrer le sel de l’eau de mer.

…

…

…

et là, les scientifiques qui s’emmerdent à dessaliniser l’eau de mer dans des usines énormes se taper sur le front en criant bonsangmaisc’estbiensûr ! ahlàlà j’y avais pas pensé… la moustiquaire !