Juste une mise au point
Tuesday, March 10th, 2009ami/e-s, fan-s et ennemi/e-s,
mon dernier post semble vous avoir inquiété/e-s. alors oui je sais, la chaussette s’est quelque peu assagie, rendue monotone par une vie trop rangée. j’en conviens, les postes de ces derniers temps avaient perdu leur verve.
sauf que j’étais dans une situation délicate: assomée par une vie professionnelle envahissante (35heures, c’est beaucoup trop), je ne pouvais pas me mettre à vous parler de ma vie intime (ce que je n’ai jamais fait). de même, je mène une vie culturelle trépidante, souvent fourrée au théâtre ou au cinéma. de mémoire de chaussette, il m’est arrivé une fois de parler films, c’était pour démonter 300. j’avais drôlement bien rigolé.
c’est qu’il m’est plus facile de me moquer que de parler de ce qui me touche. ça me permet de me défouler, de vous montrer comme je sais bien faire de longues phrases et comme je connais quelques mots compliqués, sans trop me mouiller. c’est un peu lâche, j’en conviens. je crois que le récit de la tournée des bars du vendredi soir, le fameux afteurweurk qui se finit souvent dans un petit restaurant asiatique où vit une colonie de cafards en bonne entente avec les patronnes, ne passionnerait pas les foules. (et pourtant, grâce à des compétences en recherche documentaire -gogolez cheap beer Paris-, il s’en passe des choses le vendredi soir)
enfin ça c’était jusqu’à ce que, récemment, un sujet de joie et de gayté entre dans ma morne existence (et je ne parle pas de mon furet, on y reviendra). à partir de là, je restitue les choses telles que comprises par mes 3 neurones.
Aurore, l’ex co-loque, a trouvé un stage pour valider son m1 de cinéma documentaire. Pari*s Prem*ière a commandé un film sur le sexe et la sexualité au Japon, en Amérique et en Afrique à une boîte quelconque. celle-ci a recruté Aurore pour aller lire des trucs à la BNF avec une carte de cherchieuse. du coup, une rencontre en entraînant une autre, je me suis retrouvée sous les toits d’un immeuble à Barbés, assise dans un fauteuil face à 2 dreadlocks suspendues, occupée à boire un thé tout en papotant allègrement avec l’assistant de la réalisatrice.
bon.
j’étais arrivée pleine d’illusions, imaginant déjà les télespectateurices qu’allaient bientôt suivre la France et qui sait le monde découvrir, médusé/e-s, les beaux sujets queers et sentir leurs cerveaux s’ouvrir aux fascinantes questions des mauvais genres. débordante d’enthousiasme, j’imaginais les ménagères de moins de 50 ans virer leurs cutis dans la joie et la bonne humeur et les jeunes complexé/e-s s’aimer après avoir suivi les démonstrations cohérentes du do-cul-mentaire.
sauf que, après quelques dizaines de minutes de dialogue avec ce garçon, fort aimable et ouvert au demeurant, j’ai déchanté.
déjà, ya eu une question bizarre.
est-ce que c’est vrai que le Québec est devenu l’inverse d’une société machiste à cause du féminisme ?
un ou deux concepts m’ont un peu dérangée.
“la communauté gay”
quelques affirmations pour le moins spécieuses m’ont définitivement aiguillée.
les hétérosexuel/le-s ont moins d’aventure d’un soir.
j’ai l’impression qu’il n’y a aucune société ouverte sur le changement de sexe.
encore faudrait-il s’accorder sur ce que changer veut dire et sur ce qu’est le sexe, le genre, dans les autres sociétés en sortant d’un point de vue occidental.
je vois des Noir/e-s dans les soirées gays à Paris, je pense pas qu’il y ait du racisme chez les homos.
il n’y a pas de lieux dédiés à la sexualité informelle chez les hétérosexuel/le-s.
ce sont néanmoins les questions hors sujet avec insistance qui m’ont fait comprendre l’évidence.
les gays noirs ont-ils une sexualité différente des gays blancs ?
existe-t-il une corrélation entre la gentrification et la fidélité dans le couple ?
est-ce que les militants gays qui pensent que le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels sont des aberrations (parce que si on est homo c’est pas pour vivre comme des hétéros) ont une sexualité plus hardcore ?
est-ce que tu crois que les gays fétichistes se retrouvent dans une même couche sociale ?
c’est l’intérêt porté au plus étrange qui m’a inquiètée, cette façon de rebondir sur ce que je disais de plus surprenant.
et alors ces églises de dégayification, tu connais des noms ?
et le fétichisme des ballons, tu crois qu’il y a des communautés aux Etats-Unis ?
comment tu l’appellerais en anglais toi la bague de chasteté en anglais ?
j’ai compris. compris que le but de la démarche n’était ni l’ouverture ni la promotion de la tolérance. compris qu’il n’y aurait pas d’interviews de Judith Butler ou de tout autre cerveau s’agitant sur les questions de vagins et autres gouffres de la pensée.
j’ai été naïve, j’ai cru que la télé allait faire œuvre de vulgarisation quand il s’agissait en fait de faire un panorama des déviances les plus inattendues, un reportage et pas un documentaire sur ce que l’on fait de moins courant au lit (ou ailleurs), une foire au cul pour amuser les parisien/ne-s.