Archive for February, 2009

meet mar*com

Friday, February 20th, 2009

j’ai fait le deuil de mon dernier post qui pourtant était un de mes préférés. pis voyez c’est un peu comme les enfants mort/e-s-né/e-s, après on projette des tas de choses. là je commence à me dire qu’avec une telle qualité d’expression, j’aurais fini par gagner le nobel du blog. mais passons. je digère.

j’aimerais avoir des tas de choses à vous raconter mes chèr/e-s, du glamour, du qui fait rêver ou du drôle. croyez bien que j’aimerais vous rendre jaloux/se-s, vous faire baver d’envie et penser que décidément cette chaussette mène une vie bien exotique. que voulez-vous, c’est pas tous les jours los angeles (heureusement au demeurant).

alors j’aimerais me rabattre sur le drôlatique, le tordant, le cynisme fin et subtil. ça vous ferait peut-être rire ou sourire, au point où j’en suis ça serait déjà une victoire. le départ de crottes de nez a considérablement réduit le champ du drôle et même si on a gagné en hygiène, c’est plus comme avant.

à défaut de vous entraîner dans les petites rues de Sarajevo pour vous présenter mon café préféré, je m’en vais vous l’avez compris parler de tout à fait autre chose: le monde merveilleux de mon entreprise.

le travail abrutit, empêche de réfléchir, corrompt le rapport au temps, pervertit le loisir, fait mal au dos et à la tête. fatalement, ça aigrit et pour faire comme si on maîtrisait la situation, on moque.

bref.

on croit souvent à tort que le but d’un/e employé/e est de faire gagner des sioux à l’entreprise ou de faire progresser le PIB de son pays pour les plus ambitieuseux. que nenni. le but premier de l’employé/e, c’est de montrer aux autres qu’il/elle mérite plus son salaire. comme ça après on peut en demander plusse voyez. genre chef-chef-chef allez-y vérifiez comme je suis bien resté/e tous les soirs tard et que je mérite bien 200€ de plus pour faire le deuil de ma vie en allant au SPA ou en ouikende à Barcelone, que je ne verrai rien que les touristes français du Parc machin mais après je pourrai poster des photos sur mon fessebouc.

alors pour montrer comme on travaille bien dans mon entreprise, ya une stratégie qui consiste à organiser des réunions, des meetings comme ils disent. on en organise plein, ça a l’avantage d’occuper ces grands espaces vides que du coup on ne chauffe pas pour rien.

ce on organisateur m’exclut bien entendu. moi je n’organise rien. je planifie la sortie hebdomadaire du vendredi soir avec les ami/e-s, je fais des copier-coller, je délaye une traduction courte sur toute une journée. parfois, je suis James, tout au plus, quand le sujet n’est pas trop touchy et qu’on peut en parler devant la stagiaire.

j’ai remarqué que pour avoir l’air respectable il fallait aller en réunion avec un bloc-notes et prendre des notes. tout de suite on voit que tu es motivée pour apprendre des choses hyper primordiales sur les choix stratégiques de marketing-communication (marc*om. ça m’a laissé perplexe la première fois que je suis tombée sur le terme). les managers adorent que leur supériorité t’éblouisse. moi je prends mon beau calepin “for demanding academics and well-organised business people” et je gribouille un mot, une idée.

par exemple récemment ils se sont dit que leur logiciel à 200 000€, ça serait pas mal de pas l’envoyer sur un CD gravé dans une pochette transparente avec un post-it, que ça pouvait générer une certaine frustration. j’étais drôlement contente de l’apprendre.

mais les réunions ça montre d’abord aux autres gens qu’on travaille comme des malades et que dis donc on y met de l’énergie. ça fait culpabiliser les faibles qui à leur tour restent plus longtemps et tout ce beau monde finira par dormir au boulot, roulé en boule dans un coin entre les câbles usb.

ce qui fait bouger l’entreprise, loin devant la coke mes chèr/e-s, c’est la culpabilité.

récemment comme ça ça a pété à une collègue de m’écrire la nuit, à moi, vulgaire documentation trainee-trainée, pour me donner du feedback sur un machin que j’avais écrit.

sauf que manque de bol, je n’ai aucune conscience professionnelle d’une part et d’autre part pas un salaire qui légitimerait que je me connecte à ces heures-ci, salaire que je ne veux pas au demeurant pour éviter justement de devoir checker mes mails à l’heure où on devrait être en train de lire, de baiser, de ronfler ou que sais-je. quand elle m’a sauté dessus alors que je me rendais à la machine à café le lendemain matin, semant des bonjourçava à des collègues aux prénoms inconnus et aux métiers obscurs, pour me demander ce que je pensais de son mail, j’ai juste eu de la peine pour elle.