Mémoires d’une jeune fille dérangée

en ces temps de fin du monde multiples et verolees, je prends quelques minutes pour vous ecrire depuis l’Auvergne et plus precisement depuis le reseau ouvert E_80 qui joue a cache-cache avec moi. autant le dire tout de go : les chouettes photos de Berlin, c’est pas pour menant.
en ces temps de crise economique tellement serieusse donc que les journalistes ont meme arrete de nous parler de la fin du monde par aspiration de la matiere depuis Geneve, ville plus ou moins neutre mais toujours tout a fait molle et creuse, a cause des mechants scientifiques pour nous parler plutot de l’aspiration de notre credit immobilier par les innocents banquiers victimes du Marche que bon faut les comprendre, avec la democratisation de la cocaine, la qualite baisse et dans ces conditions comment peutt-on tranquillement continuer a se moquer du monde, je vous le demande, en ces temps de terribles crises recessives et limite depressives, je vous ecris.
alors que vous voyez je pourrais tres bien etre en train dacheter un lingot d’or -ou au moins une ou deux piecettes-, j’ai choisi encore une fois la non-productivite et sachez que je m’en felicite parce qu’apres tout, a quoi ca sert d’avoir un blog si je n’y parle meme pas de moi, hein.
de retour en France, j’ai redecouvert la tele. ca me fait toujours un choc ce genre de choses, voyez je suis tres sensible, tant sur le plan de la vilaine faute de francais qui fache que sur le plan de la facilite intellectuelle, et donc c’est avec une delectation digne d’Ignatius au cinema que j’ai redecouvert m6 (n’ayant toujours pas gueri les liens, je vous conseille d’aller voir le wikipedia sur la conjuration des imbeciles, a confederacy of dunces pour les plus anglophiles d’entre vous). rentree peu apres la visite du tres saint pere, j’ai pu visionner un reportage sur sa venue a Lourdes.
et laissez-moi vous dire que c’etait grandiose.
le reportage partait depuis plusieurs directions et n’allait nulle part a la maniere de ces exposes grandioses rediges avec bonheur sur la fatalite dans Oedipe ou le mythe du bon sauvage chez Diderototo.
l’on suivait donc avec une douce emotion un car d’handicapes -pas de segregation, physique et mentaux- partant de Quimper pour Lourdes, ce voyage annuel etant pour nombre d’entre eux la seule sortie annuelle, ce que soulignait le catho en chef avec une certaine fierte que personnellement je classerais directement dans la vanite si j’etais Deesse (et vlan, blaspheme dans ma gueule). Il y avait la Jacqueline, qui en etait a son 68eme pelerinage et qui etait toujours autant en fauteuil roulant alors que bon qu’on essaye une fois admettons mais au bout d’une quinzaine, ne devrait-on pas se dire que Dieu n’existe pas ou que bon si vraiment on insiste et qu’on ne peut pas se rendre a l’evidence parce que trop cons, s’il existe, il a autre chose a foutre que de nous remettre sur pied au lieu de continuer a economiser sur une bien maigre pension cotorep pour payer le bus avec l’augmentation du petrole en plus ma bonne dame, hein, cette annee c’etait 300oeufs le voyage et pour ce prix-la c’est pas pour dire mais on a une semaine en Tunisie. arrivee a Lourdes, je me souviens tres bien de la voix niaise de m6 lisant un commentaire fort judicieux et delicat que je vous restitue de memoire : “avec 20heures de bus dans les jambes…”
l’on suivait egalement un troupeau de bon bourgeois parisiens appartenant a la communaute de l’Emmanu*el for ever, tous bien blancs et bien peignes, qui jouaient, qui de la guitare electrique, qui de la flute traversiere, du rock pour celebrer la gloire de Dieu. un des leurs a meme pretendu que c’etait pour lui le bonheur ultime, celebrer la gloire de Dieu en dormant sous un chapiteau qui prend l’eau avec ses amis proprets. mais quelque chose me dit qu’il n’etait pas pret a laisser tomber son ecole de commerce et ses polos bleus ciel pour s’y consacrer a temps plein.
un petit aparte sur les vendeurs de bouteilles en plastique en forme de vierge tres probablement fabriquees par des enfants chinois auquel l’amour du prochain ne s’applique visiblement pas, et nous arrivions au plus interessant : la messe.
oui alors pour organiser tout ca chez les cathos on a ete tres grands seigneurs et on a fait appel au gars qui gere toute la logistique des tournees de jauny. moi je vous dis, entre le Pape qui serre la main de Carla - moi la monogamie oui mais pas plus de 15 jours - Bruni et ca, si j’etais croyante, j’en aurai brule ma Bible et mon chapelet. du coup vu que leurs conneries ca a coute cher et que bon Ben’ n’a pas l’air chaud pour revendre ne serait-ce qu’une de ses couronnes, il a fallu trouver des sous. 12oeufs pour assister a la messe du Pape avec retransmission en direct sur ecran geant, et je laisse le dernier mot a l’eveque de Lourdes “de nos jours a Paris, un concert de Madonna, c’est autour de 70oeufs, alors 12, ce n’est pas grand chose pour communier avec notre Saint Pere’.