Archive for August, 2008

San Francisco, phrases sans verbes

Tuesday, August 5th, 2008

 

 

Demie vierge et vraie putain, San Francisco fait mine detre surprise par ses propres audaces. Personne n’est dupe.

San Francisco bouge, vit et grouille. Elle sent, elle vibre et elle pue. Elle s’en moque.

San francisco blanche, sado-maso, asiatique, puritaine, noire, gay et religieuse, tout a la fois et bien d’autres choses encore.

Dealers, travestis et hommes d’affaires, operas et lyrisme de goutiere, backrooms, strip-teaseuse et spectacles de travestis. Un exotisme cheap est toujours a portee de carte bleue. De vraies decouvertes spirituelles pour qui saura s’eloigner des trop attirantes lumieres.

Il faut gravir les collines, s’emerveiller des maisons victoriennes liberees avec le summer of love et parfois plus maquillees que les putes du centre-ville. Se perdre dans ses ombres pour mieux adorer ses parcs et compter ses drapeaux. Il faut suivre une avenue depuis sa naissance pour voir la ville se tranformer. Familles, etudiants, voisinages louches ou friques alternent dans un joyeux bazar ou toutes les mix-cites sont possibles.

Ville arc-en-ciel, couleurs froides ou chaudes, brulantes et glacees. Pas de place sur la presqu’ile pour les tiedes. S’engouffrer aussi dans une librairie, y perdre la notion du temps. En ressortir, cliché, avec Tales of the city.

Ville trop condamnee pour ne pas etre decadente, trop ensoleillee pour ne pas se laisser aller au farniente, delicieusement crade, Frisco joue a la bourgeoise, ridicule. Trop jeune pour etre encore sage, pas assez vieille pour s’etre assagie, elle se rit de ceux qui voudraient compter ses contradictions.

Dans le restaurant vegetarien hindou, un couple d’hommes en cuir mange avec un soin tres distingue. «Pain is temporary» proclame un somptueux tatouage.

Centre-ville, samedi apres-midi, dans un soleil en soi luxuriant, dans un lumiere trop eclatante, a cote d’une dizaine de femmes anciennes hippies qui portent des pancartes contre la guerre en Iran avec la force du desenchantement et de l’optimisme, trop zens pour ne pas prendre de drogue, a quelques metres des dealers qui s’affairent a ne pas en avoir l’air, un homme tient une pancarte. Dieu vous aime mais il deteste vos peches. Il me promet le paradis si je reste vierge. Si c’est trop tard, il suffit de ne plus jamais forniquer.